Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/169

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est si conforme à leur propre nature. Les différents États de l’Allemagne semblaient ainsi, à les regarder chacun séparément, atteindre cette nouvelle forme, définitive qui, croyait-on, leur permettrait de suivre la voie du développement constitutionnel pacifique. Une seule question restait ouverte : celle de la nouvelle organisation politique de la Confédération allemande. Et cette question, la seule qui semblât encore renfermer un danger, était considérée comme devant être résolue tout de suite. De là la pression exercée par les classes moyennes sur l’Assemblée de Francfort en vue de parfaire la Constitution le plus tôt possible ; de là la résolution, prise par la grande et la petite bourgeoisie, d’accepter et de soutenir cette Constitution, quelle qu’elle fut, dans le but de créer sans délai un étal de choses stable. C’est ainsi que, depuis le commencement même l’agitation en faveur de la Constitution impériale partit d’un sentiment réactionnaire et se répandit parmi les classes qui, depuis longtemps, étaient lasses de la Révolution.

Mais un autre trait encore la caractérisait. Les premiers principes fondamentaux de la future Constitution allemande avaient été votés pendant les premiers mois du printemps et de l’été de 1848, à une époque où le mouvement populaire était encore dominant. Les résolutions votées à ce moment, quoiqu’elles fussent alors complètement réactionnaires, paraissaient maintenant, après les