Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/228

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illégale opposée aux fonctionnaires devient une rébellion et ne peut être tolérée. Je conclus donc à la condamnation de tous les accusés. »

Le réquisitoire du procureur terminé, la séance est suspendue pendant un quart d’heure. Le président, M. Kremer, conseiller à la cour d’appel, donne ensuite la parole à l’accusé Karl Marx.

Karl Marx : Messieurs les jurés. Si le procès pendant avait été intenté avant le 5 décembre, je comprendrais l’accusation du ministère public. Aujourd’hui, après le 5 décembre, je ne comprends pas comment le ministère public ose encore invoquer contre nous des lois que la couronne elle-même a foulées aux pieds. Sur quoi le ministère public a-t-il appuyé sa critique de la décision de l’Assemblée nationale de refuser les impôts ? Sur les lois du 6 et du 8 avril 1848. Et qu’a fait le Gouvernement en octroyant de sa propre autorité, le 5 décembre, une constitution et en imposant au pays une nouvelle loi électorale ? Il a déchiré les lois du 6 et du 8 avril 1848. Ces lois n’existent plus pour les partisans du Gouvernement. Doivent-elles exister encore pour ses adversaires ? Le 5 décembre, le Gouvernement s’est placé sur un terrain révolutionnaire, sur le terrain contre-révolutionnaire ; il n’a plus en face de lui que des révolutionnaires ou des complices. C’est lui-même qui a transformé en rebelles la masse des citoyens qui se meut dans les limites des lois existantes, qui oppose la loi existante à la violation de la loi.