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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/235

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société, repose, au contraire, sur l’industrie et sur le commerce. La grande propriété foncière elle-même a perdu toutes ses anciennes conditions d’existence. Elle dépend aujourd’hui de l’industrie et du commerce. Aussi l’agriculture est-elle, à notre époque, exploitée industriellement, et les anciens seigneurs féodaux sont tombés au rang de fabricants de bétail, de laine, de blé, de betterave, d’eau-de-vie, etc. : ils sont devenus des gens qui, comme tous les autres commerçants, font commerce de ces produits industriels. Si attachés qu’ils puissent rester à leurs anciens préjugés, ils se transforment, dans la pratique, en citoyens qui cherchent à produire le plus possible avec le moins de frais possible, qui achètent là où on peut le faire meilleur marché et qui vendent là où on peut vendre le plus cher. Les modes d’existence, de production, de revenu de ces messieurs accusent déjà de mensonge leurs illusions vieillotes, mais ambitieuses. Si la grande propriété foncière est l’élément social dominant, elle présuppose le mode médiéval de production et d’échange. La Diète fédérale représentait ce mode médiéval de production et d’échange qui, depuis longtemps, avait cessé d’exister et dont les représentants, si attachés qu’ils fussent aux anciens privilèges, ne se faisaient pas faute de jouir des avantages du nouvel ordre social et de les exploiter. La nouvelle société bourgeoise, reposant sur des bases tout à fait différentes, sur un mode de production