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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/28

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tout sa partie la plus progressiste, les grands manufacturiers, n’ont pas conquis le pouvoir politique et refondu l’État conformément à leurs besoins. S’il en est ainsi, le conflit inévitable entre l’employeur et l’employé devient imminent et ne peut être ajourné plus longtemps ; on ne peut plus repaître la classe ouvrière d’espérances illusoires et de promesses jamais réalisées ; le grand problème du xixe siècle — l’abolition du prolétariat — est enfin mis complètement et clairement en lumière. En Allemagne, la masse de la classe ouvrière est employée non par ces modernes lords de la manufacture, dont la Grande-Bretagne nous fournit de si splendides échantillons, mais par de petits industriels, dont tout le système d’exploitation n’est qu’un reste du moyen âge. Et de même qu’il y a une différence énorme entre le grand lord cotonnier et le petit savetier ou le petit tailleur, de même une grande distance sépare l’ouvrier de fabrique aux vues larges d’une de nos Babylones manufacturières modernes, du modeste journalier, tailleur ou ébéniste, d’une petite ville de province, dont la vie s’écoule au milieu de conditions d’existence et qui travaille suivant un plan qui ne diffèrent que très peu de ce qu’on observait pour la même catégorie d’hommes, il y a quelque cinq cents ans. Cette absence générale de conditions d’existence modernes, de modes de production modernes, était naturellement accompagnée par le manque tout aussi général d’idées modernes ; aussi