Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/340

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casser les vitres, à avouer au public qu’il avait essayé de soutirer à Cherval de faux témoignages, en agitant devant ses yeux le spectre de l’extradition et des douze ans de cellule.

Stieber, cependant, n’est pas encore arrivé à savoir qui est véritablement Cherval. Devant les jurés, il l’appelle constamment Cherval et non K… Bien mieux. Il ignore également où Cherval est réellement. Dans la séance du 23 octobre, il déclare qu’il est encore en prison à Paris. Dans la séance du 27 octobre, pressé par les questions que l’avocat de Schneider II lui adresse : « Si le susdit Cherval ne réside pas actuellement à Londres ? » Stieber répond : « Qu’il ne peut fournir à ce sujet aucun renseignement, et qu’il ne pouvait que rapporter un bruit d’après lequel Cherval se serait évadé à Paris. »

Le Gouvernement prussien subit son sort habituel ; il fut dupé. Le Gouvernement français lui avait permis de tirer les marrons du feu, le complot franco-allemand ; mais il ne lui permit pas de les manger. Cherval avait su se concilier les bonnes grâces du Gouvernement français, et on le laissa partir pour Londres, avec Gipperich, peu de jours après la séance des assises. Le Gouvernement allemand croyait avoir acquis en Cherval un précieux instrument dont il pourrait se servir au procès de Cologne ; il n’avait fait que de donner au Gouvernement français un nouveau mouchard.

Un jour avant l’évasion simulée de Cherval,