Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/341

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un faquin prussien parut devant lui, en frac noir et en manchettes, avec une moustache noire, épaisse, les cheveux courts et grisonnants, en un mot, un joli garçon tout à fait que, plus tard, on lui dit être le lieutenant de police Greif et qui, d’ailleurs, se présenta après coup sous le nom de Greif. Ce Greif avait obtenu de communiquer avec lui, grâce à une carte qu’il avait reçue directement du Ministre de la Police, sans passer par le préfet de police. Le Ministre brûlait de duper ses chers Prussiens.

Greif : « Je suis un fonctionnaire prussien, envoyé pour entrer en négociation avec vous. Vous ne sortirez jamais d’ici sans nous. Je vous fais une proposition. Demandez par une supplique adressée au Gouvernement français, dont l’acquiescement nous est dès maintenant assuré, d’être livré à la Prusse, nous avons en effet besoin de votre témoignage à Cologne. Quand vous aurez accompli votre tâche et que l’affaire sera terminée, nous vous mettrons en liberté sur parole. »

Cherval : « Je sortirai bien d’affaires sans vous. »

Greif, avec assurance : « C’est impossible ! » Greif se fit alors amener Gipperich et lui proposa d’aller pour cinq jours jouer le rôle d’émissaire communiste à Hanovre. Il n’eut pas davantage de succès. Le jour suivant, Cherval et Gipperich avaient pris la fuite. Les autorités françaises rirent de leur bon tour. La dépêche annonçant le malheur fut expédiée à Berlin, et, le 23 octobre,