Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/386

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Le même jour où Hirsch dévoilait le mystère du cahier de procès-verbaux au magistrat anglais à Bow Street, un autre représentant de la Prusse était occupé à Kensington, dans la maison de Fleury, à empaqueter dans du linge quelque chose qui n’était ni des documents volés, ni fabriqués, ni des documents quelconques, mais bien ses propres hardes. Ce n’était rien autre que Greif, le courrier extraordinaire de Cologne, le chef des agents de police prussiens de Londres, le directeur officiel de la mystification, le lieutenant de police attaché à l’ambassade de Prusse à Londres. Greif avait reçu du Gouvernement prussien l’ordre de quitter Londres immédiatement. Il n’y avait pas de temps à perdre.

De même que dans les fins d’opéra, la mise en scène logée dans le troisième dessous, cachée par les coulisses, apparaissant en amphithéâtre, brille tout à coup aux flammes des feux de Bengale, et aveugle tous les yeux de contours éblouissants, de même, à la fin de cette tragi-comédie policière et prussienne, paraissent les ateliers cachés où fut forgé l’original des procès-verbaux. À l’étage inférieur, on voyait le malheureux mouchard Hirsch travaillant aux pièces. Au second étage, le policier bourgeois et agent provocateur, commerçant dans la cité, Fleury. Au troisième, le lieutenant de police diplomate Greif, et à l’étage supérieur, l’ambassade de Prusse elle-même à laquelle il était attaché. Depuis 6 à 8 mois, Hirsch fabri-