Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/65

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protection, qui allait, dans la plupart des cas, jusqu’à une exclusion complète de la concurrence étrangère ; mais cet avantage leur avait été accordé principalement pour leur permettre de payer davantage d’impôts ; il se trouvait contrebalancé à un très haut degré par les règlements internes des manufactures, les privilèges des guildes et autres corporations féodales, qu’on soutenait soigneusement tant qu’elles ne gênaient pas les buts et les vues du Gouvernement. Les petits industriels étaient resserrés dans les limites étroites de ces corporations datant du moyen âge ; les différents métiers étaient en lutte perpétuelle pour maintenir leurs privilèges et, en même temps, en excluant les membres de la classe ouvrière de la possibilité de s’élever dans l’échelle sociale, elles conféraient une sorte de stabilité héréditaire aux membres de ces associations involontaires. Enfin, le paysan et l’ouvrier étaient considérés comme une simple matière imposable. On ne prenait souci d’eux que pour les maintenir autant que possible dans les mêmes conditions d’existence où ils se trouvaient déjà et dans lesquelles leurs pères avaient vécu avant eux. Dans ce but, on soutenait toute autorité ancienne, établie et héréditaire, tout autant que l’autorité de l’État : l’autorité du seigneur terrien sur le tenancier petit fermier, celle du manufacturier sur l’ouvrier, du petit patron sur le journalier et l’apprenti, du père sur le fils, était partout strictement maintenue par le Gouver-