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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/75

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moins, ils étaient de tout leur cœur et de toute leur âme avec le mouvement, et le mouvement, d’autre part, en fit aussitôt (au moins eu théorie) la classe prédominante de l’État.

Mais, et c’est la destinée de toutes les révolutions, cette union des différentes classes — qui, dans une mesure quelconque, est toujours la condition nécessaire de toute révolution — ne peut pas subsister longtemps. La victoire contre l’ennemi commun n’est pas plutôt gagnée que les vainqueurs se trouvent divisés entre eux et tournent leurs armes les uns contre les autres. C’est ce développement rapide et passionné de l’antagonisme de classe qui, dans les organismes sociaux vieux et compliqués, fait de la révolution un agent si puissant du progrès social et politique ; c’est cette naissance, rapide et incessante de partis nouveaux se succédant au pouvoir, qui, pendant ces violentes secousses, fait qu’une nation, en cinq ans, fait plus de chemin qu’en un siècle dans les circonstances ordinaires.

La révolution de Vienne fit de la classe moyenne une classe théoriquement prédominante ; cela veut dire que les concessions arrachées au Gouvernement étaient telles que réalisées et maintenues pendant quelque temps, elles auraient inévitablement assuré la suprématie de la classe moyenne. Mais, pratiquement, la suprématie de cette classe était loin d’être établie. Il est vrai que l’institution de la garde nationale, qui a fourni