comédie parlementaire et veut même aller y jouer le rôle des Fouquier-Tinville ! Ne montrait-elle pas sous la peau de lion empruntée à la Convention, sa robe originelle, la peau de veau de la petite bourgeoisie.
La seconde moitié de l’existence de la Constituante se résume dans les faits suivants : l’Assemblée avoue, le 29 janvier, que les fractions royalistes de la bourgeoisie sont les chefs naturels de la République constituée ; le 21 mars, que violer la constitution, c’est la réaliser, et, le 11 mai, que l’alliance passive, emphatiquement proclamée entre la République française et les peuples en révolte signifie l’alliance active conclue avec la contre-révolution européenne.
Cette misérable assemblée quitta la scène après s’être donnée encore, le 4 mai, deux jours avant l’anniversaire de sa naissance, la satisfaction de rejeter la proposition d’amnistie en faveur des insurgés de juin. Brisée dans sa puissance, haïe à mort par le peuple, repoussée, maltraitée, écartée avec dédain par la bourgeoisie dont elle était l’instrument, contrainte de désavouer dans la deuxième moitié de son existence la première période de sa vie, dépouillée de l’illusion républicaine, n’ayant rien créé de grand dans le passé, n’espérant rien de l’avenir, périssant toute vivante et tombant en morceaux, cette Assemblée savait encore galvaniser son propre cadavre en se rappelant constamment sa victoire de juin, en la revivant avec rancune.