« Les républicains sauront faire respecter la constitution par tous les moyens, même par la force des armes ! » Par la force des armes ! répéta cent fois l’écho de la Montagne. La majorité répondit par un tumulte effroyable. Le président de l’Assemblée rappela Ledru-Rollin à l’ordre. Ledru-Rollin renouvela sa déclaration provocante et déposa enfin sur le bureau la proposition de mise en accusation de Bonaparte et de ses ministres. L’Assemblée nationale, par 361 voix contre 203, vota l’ordre du jour pur et simple sur le bombardement de Rome.
Ledru-Rollin pensait-il que la constitution triompherait de l’Assemblée, et que l’Assemblée l’emporterait sur le président ?
La constitution interdisait, il est vrai, toute attaque dirigée contre la liberté des peuples étrangers. Mais ce que l’armée combattait à Rome, ce n’était pas, d’après le ministère, la « liberté », mais bien le « despotisme de l’anarchie ». En dépit de toutes les expériences qu’elle avait pu faire à la Constituante, la Montagne n’avait-elle donc jamais compris que l’interprétation de la constitution n’appartenait pas à ceux qui l’avaient élaborée, mais uniquement à ceux qui l’avaient acceptée ? Sa lettre ne devait-elle pas traduire quelque chose de viable, et la signification bourgeoise n’était-elle pas la seule viable ? Bonaparte et la majorité royaliste de l’Assemblée n’étaient-ils pas les interprètes authentiques de la constitution,