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de juin 1849 au 10 mars 1850
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Bonaparte en rejetant toute proposition de loi qu’il déposait dans son propre intérêt, en cherchant avec une défiance bruyante si chaque projet qu’il déposait dans l’intérêt général n’avait pas pour effet, en augmentant le pouvoir exécutif, de profiter au pouvoir personnel du prince président. En un mot, l’Assemblée se vengeait par la conspiration du mépris.

Le parti légitimiste, de son côté, voyait avec mécontentement les orléanistes, plus capables, s’emparer de nouveau de presque tous les postes et la centralisation croître alors qu’ils voyaient principalement leur salut dans la décentralisation. C’était réel. La contre-révolution centralisait à l’excès. Elle préparait à l’avance le mécanisme de la révolution. Par le cours forcé accordé aux billets de banque, elle centralisait même l’or et l’argent de la France dans la banque de Paris. Elle créait ainsi au profit de la révolution un trésor de guerre tout fait.

Les orléanistes, enfin, voyaient avec dépit surnager le principe de la légitimité, le voyaient avec déplaisir s’opposer à leur principe bâtard. Ils se trouvaient à chaque instant humiliés et maltraités parce qu’ils représentaient la mésalliance bourgeoise d’un noble époux.

Nous avons vu peu à pou les paysans, les petits bourgeois, et, en général, toutes les classes moyennes se ranger aux côtés du prolétariat, poussés à se mettre en opposition officielle avec