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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/173

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de juin 1849 au 10 mars 1850
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même de mettre l’anarchie au même rang que l’autorité ? Après le 10 mars 1850, qui pouvait en douter ?

La bourgeoisie, en se dépouillant du suffrage universel dont elle s’était drapée jusqu’alors, d’où elle puisait sa toute-puissance, confesse crûment : Notre dictature s’est maintenue jusqu’à présent par la volonté du peuple, il faut l’assurer maintenant contre la volonté du peuple. Et, conséquente, elle cherche son appui non plus en France, mais hors de France, à l’étranger, dans l’invasion.

Elle suscite ainsi un second Coblence, dont le siège est fait en France même. Elle réveille contre elle toutes les passions nationales. Par son attaque contre le suffrage universel, elle fournit à la nouvelle révolution un prétexte général, et la révolution en a besoin. Tout prétexte particulier eût divisé les membres de la ligue révolutionnaire et mis leurs divergences en évidence. Le prétexte général aveugle les classes à moitié révolutionnaires, leur permet de s’illusionner sur le caractère déterminé de la révolution à venir, sur les conséquences de leur propre action. Toute révolution a besoin d’une question de banquet. Le suffrage universel était la question des banquets de la nouvelle révolution.

Mais les fractions bourgeoises sont déjà perdues quand elles abandonnent la seule forme où il leur soit possible d’exercer le pouvoir en commun, la forme la plus puissante et la plus parfaite de leur domination de classe, la République consti-