Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
la lutte des classes en france

parut vouloir pousser les choses à l’extrême, sa commission rejetta la proposition ; la presse bonapartiste menaça ; une quantité de tentatives de transactions se produisirent, et finalement l’Assemblée capitula ; mais elle se vengea sur le principe. Au lieu d’accorder le principe d’une augmentation annuelle de 3 millions de la liste civile, elle donna un secours de 2.160.000 francs. Non contente de cela, elle ne consentit à cette concession que quand elle eut reçu l’appui de Changarnier, le général du « parti de l’ordre », le protecteur qui s’était imposé à Bonaparte. A vrai dire, elle n’accorda pas les 3 millions à Bonaparte, mais à Changarnier.

Ce cadeau fait de « mauvaise grâce » fut reçu parfaitement de même par Bonaparte. La presse bonapartiste s’éleva de nouveau contre l’Assemblée. Quand, au cours des débats soulevés par la loi sur la presse, on proposa un amendement édictant l’obligation de la signature, il était dirigé spécialement contre les journaux inférieurs qui représentaient les intérêts particuliers de Bonaparte. Le principal organe bonapartiste, le Pouvoir, se livra à une attaque ouverte et violente contre l’Assemblée nationale. Les ministres durent désavouer la feuille devant l’Assemblée. Le gérant du Pouvoir fut cité à la barre de la Législative et condamné au maximum de l’amende, à 5.000 francs. Le jour suivant, le Pouvoir publia un article plus insolent encore contre l’Assemblée