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ments. La matière historique qu’il contient ne dépasse pas le mois de février 1852. Sa réédition actuelle est due en partie aux demandes du libraire et, en partie aussi, à l’insistance de mes amis d’Allemagne.

Des écrits qui, à peu près à la même époque que le mien, traitaient le même sujet, deux seuls sont dignes de remarque : Napoléon le Petit, de Victor Hugo et le Coup d’État, de Proudhon.

Victor Hugo se borne à lancer une invective amère et spirituelle contre l’éditeur responsable du coup d’État. L’événement en lui-même lui paraît être un coup de tonnerre dans un ciel serein. Il n’y voit que l’acte de violence d’un individu isolé. Il ne remarque pas qu’il grandit ainsi le personnage au lieu de le diminuer, en lui attribuant une force d’initiative personnelle sans exemple dans l’histoire universelle. Proudhon, de son côté, essaie de montrer que le coup d’État est le résultat d’un développement historique antérieur. Cependant, la construction historique du coup d’État se change inconsciemment chez lui en une apologie historique du héros du coup d’État. Il tombe ainsi dans la faute de nos historiens soi-disant objectifs. Pour moi, je montre que la Lutte des classes en France a créé des circonstances et des situations telles, qu’elles ont permis à un personnage mé-