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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/22

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la lutte des classes en france

de l’État. Et comment établir cet équilibre sans limiter les frais, c’est-à-dire sans léser des intérêts qui consolidaient d’autant le système ? comment y arriver sans une nouvelle réglementation de l’assiette des impôts, sans faire peser une partie importante de leur poids sur la grande bourgeoisie elle-même ?

La fraction de la bourgeoisie qui dominait et légiférait dans les Chambres avait un intérêt direct à voir l’État s’endetter. Le déficit était l’objet propre de la spéculation, la source principale d’enrichissement. Chaque année ramenai un nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans on faisait un nouvel emprunt. Chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie financière une occasion nouvelle de duper l’État, artificiellement maintenu sous la menace d’une banqueroute. Il devenait nécessaire de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. Chaque nouvel emprunt permettait en outre de piller le public qui place ses capitaux en rentes sur l’État et de le dépouiller par des opérations de bourse dont le secret était abandonné au gouvernement et à la majorité. Les fluctuations du crédit public et la connaissance des secrets d’État permettaient aux banquiers et à leurs affiliés de susciter dans le cours des papiers d’État des variations extraordinaires et soudaines. Le résultat constant des oscillations devait être la ruine d’une masse de petits capitalistes et l’enrichissement fabuleusement rapide des