Cette constitution, si subtilement rendue invulnérable, était cependant, comme Achille, vulnérable en un point, non au talon toutefois, mais à la tête, ou plutôt aux deux têtes en lesquelles elle se partageait, l’Assemblée constituante d’un côté, le président de l’autre. Que l’on feuillette la constitution et l’on découvrira que seuls les paragraphes où sont déterminés les rapports du président avec la Constituante sont absolus, positifs, sans contradiction, inaltérables. Il s’agissait en effet pour les républicains bourgeois de leur propre sécurité. Les §§ 47 à 70 de la constitution sont rédigés de telle façon que l’Assemblée nationale peut écarter le président constitutionnellement et que le président ne peut se débarrasser de l’Assemblée que par voie inconstitutionnelle, en supprimant la constitution elle-même. Elle provoque donc par là même son anéantissement violent. Elle ne se contente pas de célébrer, comme la charte de 1830, la division des pouvoirs, elle la pousse jusqu’à la contradiction la plus insupportable. Le jeu des pouvoirs constitutionnels comme Guizot nommait la dispute parlementaire qui surgit entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, joue constamment « va banque » dans la constitution de 1848. D’un côté se trouvent sept cent cinquante représentants du peuple, élus au suffrage universel et rééligibles, formant une Assemblée nationale libre de tout contrôle, indissoluble, indivisible, Assemblée nationale qui