saient le droit d’association et faisaient de l’état de siège une institution régulière. Puis l’Assemblée nationale s’ajourna de la mi-août à la mi-octobre après avoir nommé une commission permanente pour le temps de son absence. Pendant ces vacances, les légitimistes intriguaient avec Ems, les orléanistes avec Claremont, Bonaparte faisait des voyages princiers et les conseils généraux se prononçaient sur la revision de la constitution — ces événements se reproduisent régulièrement pendant les vacances de l’Assemblée nationale et je n’en parlerai que quand ils donneront naissance à des incidents. Remarquons simplement que l’Assemblée nationale agissait impolitiquement en disparaissant de la scène pour un long intervalle et en ne laissant apercevoir à la tête de la République qu’une seule figure, fût-elle aussi pitoyable que celle de Louis Bonaparte, tandis que le « parti de l’ordre », au scandale du public, se divisait en ses éléments royalistes et s’abandonnait à ses velleités de restauration contradictoires. Toutes les fois que, pendant les vacances, s’éteignit le bruit désordonné du Parlement et qu’il se sépara pour se répandre dans la nation, on vit d’une façon indubitable qu’il ne manquait plus qu’un trait pour parfaire l’aspect véritable de cette République : rendre permanentes les vacances du premier, et remplacer la devise de la seconde : « Liberté, égalité, fraternité » par les termes peu ambigus de : « Infanterie, cavalerie, artillerie ! »
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