étaient prêts à reprendre la lutte et à conquérir la République, les armes à la main. Raspail se rendit à l’Hôtel de Ville, porteur d’un message en ce sens. Au nom du prolétariat parisien, il ordonna au gouvernement provisoire de proclamer la République. Si cet ordre populaire n’était pas exécuté au bout de deux heures, il devait revenir à la tête de 200.000 hommes. Les cadavres n’avaient pas eu le temps de refroidir ; les barricades étaient toujours dressées ; les ouvriers n’étaient pas désarmés et la garde nationale restait la seule force qu’on pût leur opposer. Dans ces conditions, les considérations politiques et les scrupules juridiques du gouvernement provisoire ne tardèrent pas à s’évanouir. Le délai de deux heures n’était pas écoulé que sur tous les murs de Paris s’étalait la devise géante :
République française ! Liberté ! Egalité ! Fraternité !
La proclamation de la République, basée sur le suffrage universel, avait fait oublier le but et les motifs étroits qui avaient entraîné la bourgeoisie dans la révolution de Février. Au lieu de quelques fractions peu nombreuses de cette classe, c’étaient toutes les classes composant la société française qui voyaient s’ouvrir la carrière politique. Elles étaient contraintes de délaisser les loges, le parterre, les galeries, et de venir en personne jouer leur rôle sur la scène révolutionnaire ! La chute de la royauté constitutionnelle dissipa une illu-