chercher pendant huit jours dans tout Paris pour trouver enfin deux généraux — Baraguay-d’Hilliers et Saint-Jean d’Angely, — qui se déclarèrent prêts à contre-signer la destitution de Changarnier. Il est par contre plus que douteux que le parti de l’ordre eût trouvé dans ses propres rangs et au Parlement le nombre de voix nécessaire pour prendre une pareille décision. Souvenons-nous, en effet, que huit jours plus tard, 286 voix se séparèrent de lui, et que la Montagne repoussa une proposition semblable encore en décembre 1851, à la minute la plus critique. Cependant les burgraves auraient peut-être encore réussi à entraîner la masse de leur parti à un héroïsme, qui consiste à se sentir en sûreté derrière une forêt de baïonnettes, et à accepter les services d’une armée qui a passé dans son camp. Au lieu de cela, messieurs les burgraves se rendirent le soir du 6 janvier à l’Élysée pour faire renoncer Bonaparte, pour des raisons et des considérations de prudence et de politique, à la destitution de Changarnier. Quand on cherche à persuader quelqu’un, c’est qu’on le reconnaît maître de la situation. Rassuré par cette démarche, Bonaparte nomme le 12 janvier, un ministère où les chefs de l’ancien, Fould et Baroche, étaient conservés. Saint-Jean d’Angely devient ministre de la Guerre. Le Moniteur publie le décret de destitution de Changarnier. Son commandement est partagé entre Baraguay-d’Hilliers qui obtient la première division et Perrot qui
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