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le xviii brumaire de louis bonaparte
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cellerie le proclame ; la susceptibilité des valeurs d’État à la plus légère perspective de trouble ; leur fermeté à chaque victoire du pouvoir exécutif vient nous le prouver. »

Dans son numéro du 29 novembre 1851, l’Economist déclare en son nom : Dans toutes les Bourses d’Europe, on reconnaît maintenant dans le président la sentinelle de l’ordre. L’aristocratie financière maudissait donc la lutte parlementaire menée par le « parti de l’ordre » contre le pouvoir exécutif ; c’était pour elle un trouble apporté à l’ordre. Elle célébrait par contre chaque victoire du président sur les prétendus représentants : elle devenait une victoire de l’ordre. Il ne faut pas entendre ici par aristocratie financière uniquement les grands spéculateurs, les grands entrepreneurs d’emprunts : on comprend facilement que l’intérêt de ceux-ci coïncide avec les intérêts du pouvoir. Tout le commerce d’argent de notre époque, toute la banque est intéressée des plus étroitement avec le crédit public. Une partie du capital commercial est nécessairement engagée dans des valeurs d’État facilement convertibles. Les dépôts, le capital, mis à la disposition des banquiers et distribué par eux aux industriels et aux commerçants, rentre en partie sous forme de dividendes revenant aux rentiers sur l’État. Si, à toute époque, la stabilité du pouvoir a paru être pour tout le marché monétaire et pour les prêtres qui y officient la loi et les prophètes, n’est-ce pas surtout maintenant que cette