précisément de ne rien faire aboutir dans le Parlement, de tout faire aboutir contre le Parlement.
Dès le premier jour de sa session, l’Assemblée nationale reçut le message de Bonaparte où il demandait le rétablissement du suffrage universel et l’abrogation de la loi du 31 mai 1850. Les ministres déposèrent en même temps un décret conçu en ce sens. L’Assemblée repoussa la motion d’urgence présentée par le cabinet et rejeta la loi elle-même le 13 novembre, par 355 voix contre 348. Elle déchirait son mandat une fois de plus. Elle affirmait une fois encore que, représentation librement choisie par la nation, elle était devenue le Parlement usurpateur d’une classe. Elle reconnaissait, une fois encore, qu’elle-même avait tranché les muscles qui réunissaient la tête parlementaire au corps de la nation.
Si le pouvoir législatif, par sa proposition de rétablissement du suffrage universel, en appelait de l’Assemblée nationale au peuple, le pouvoir législatif, par la proposition des questeurs, en appelait du peuple à l’armée. Le but de cette proposition était d’établir le droit du législatif à la réquisition directe des troupes, à la constitution d’une armée parlementaire. Si elle faisait l’armée juge de son différend avec le peuple, de sa querelle avec Bonaparte, l’Assemblée devait avouer, d’autre part, que, depuis longtemps, elle avait renoncé à la prétention de donner des ordres au pouvoir militaire. Au lieu de requérir immédiatement des