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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/370

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la lutte des classes en france

liste de tirer du champ profit, intérêt et rente, et laisse au paysan le soin de savoir comment il pourra se procurer son salaire. La dette hypothécaire pesant sur le sol français impose aux cultivateurs français un cens égal à l’intérêt annuel de toute la dette publique de l’Angleterre. La propriété parcellaire réduite par le capital en cet état d’esclavage vers lequel son développement la pousse irrémédiablement a transformé la masse de la nation française en troglodytes. Seize millions de paysans (femmes et enfants compris) habitent des cavernes, dont une grande partie ne possède qu’une ouverture, une autre, deux, et la plus favorisée, trois. Les fenêtres sont à une maison ce que les cinq sens sont à la tête. L’ordre bourgeois, qui, au commencement du siècle, plaçait l’État en sentinelle devant la parcelle nouvellement née et l’engraissait de lauriers lui suce le sang du cœur et la cervelle du crâne et les jette dans la chaudière du capital, nouvel alchimiste. Le « Code Napoléon » n’est que le code de la saisie, de la subhastation, de la licitation forcée. Aux quatre millions (enfants, etc. y compris) de pauvres officiels, vagabonds, criminels et prostituées que compte la France, viennent s’ajouter cinq millions d’hommes suspendus au bord de la ruine ; ou bien ils habitent la campagne même ou bien encore ils passent leur vie à promener leurs haillons et leurs enfants des champs à la ville et de la ville aux champs. L’intérêt des paysans ne se trouve donc