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de juin 1848 au 13 juin 1849
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ne lui permirent de montrer les cornes qu’avec beaucoup de prudence et de circonspection.

Depuis 1830, les républicains bourgeois, leurs écrivains et leurs orateurs, leurs gens capables, leurs ambitieux, leurs députés, généraux, banquiers avocats, étaient groupés autour d’un journal de Paris, le National. Cette feuille possédait en province ses organes affiliés. La coterie du National, c’était toute la dynastie de la république tricolore. Elle s’empara aussitôt de toutes les charges publiques, des ministères, de la préfecture de police, de la direction des postes, des préfectures et des grades les plus élevés vacants dans les départements et dans l’armée. A la tête du pouvoir exécutif se tenait leur général Cavaignac ; leur rédacteur en chef Marrast était le président permanent de l’assemblée nationale. En même temps, ce dernier jouait au maître des cérémonies et faisait les honneurs de la république honnête.

Dos écrivains français, révolutionnaires cependant, ont, par une sorte de pudeur et pour épargner la tradition républicaine, accrédité l’erreur que les royalistes l’emportaient dans l’Assemblée constituante. C’est le contraire qui est vrai. A partir des journées de juin, cette assemblée représenta exclusivement le républicanisme bourgeois. La chose devint d’autant plus apparente que l’influence des républicains tricolores déclinait en dehors de l’assemblée. S’il s’agissait de défendre la forme de la république bourgeoise, ils disposaient des voix