gens dits, en anglais, de profession (professional), c’est-à-dire les revenus des avocats, des médecins, etc., en un mot, des « capacités », et que les catégories C et E, qui ne sont pas énumérées en détail, comprennent les recettes d’employés, d’officiers, de sinécuristes, de créanciers de l’État, etc.
1860 | 1861 | 1862 | 1863 | 1864 | 1865 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Rubrique A. Rente foncière | 13 893 829 | 13 003 554 | 13 398 938 | 13 494 091 | 13 470 700 | 13 801 616 |
Rubrique B. Profits des fermiers. | 2 765 387 | 2 773 644 | 2 937 899 | 2 938 823 | 2 930 874 | 2 946 072 |
Rubrique D. Profits industriels, etc, | 4 891 652 | 4 836 203 | 3 858 800 | 4 846 497 | 4 546 147 | 4 850 199 |
Rubriques depuis A jusqu’à E | 22 962 883 | 22 998 394 | 23 597 574 | 23 236 298 | 23 236 298 | 23 930 340[1] |
Sous la catégorie D, l’augmentation du revenu, de 1853 à 1864, n’a été par an, en moyenne, que de 0.93, tandis qu’elle était de 4.48 pour la même période dans la Grande-Bretagne. La table suivante montre la distribution des profits (à l’exception de ceux des fermiers) pour les années 1864 et 1865.
Livres sterling distribuées en 1864. |
Livres sterling distribuées en 1865. | |||
---|---|---|---|---|
Liv. st. | pers. | Liv. st. | pers. | |
Recette totale annuelle de | 4 368 610 | 17 467 | 4 669 979 | 18 081 |
Revenus annuels au-dessous de 100 liv. st. et au-dessus de 60 | 238 626 | 5 015 | 222 575 | 4,703 |
De la recette totale annuelle | 1 979 066 | 11,321 | 2 028 471 | 12,184 |
Reste de la recette totale annuelle de | 2 150 818 | 1,131 | 2 418 833 | 1,194 |
Dont | ||||
1 083 906 | 910 | 1 097 937 | 1,044 | |
1 046 912 | 121 | 1 320 996 | 186 | |
430 535 | 105 | 584 458 | 122 | |
646 377 | 26 | 736 448 | 28 | |
262 610 | 3 | 274 528 | 3[2] |
L’Angleterre, pays de production capitaliste développée, et pays industriel avant tout, serait morte d’une saignée de population telle que l’a subie l’Irlande. Mais l’Irlande n’est plus aujourd’hui qu’un district agricole de l’Angleterre, séparé d’elle par un large canal, et qui lui fournit du blé, de la laine, du bétail, des recrues pour son industrie et son armée.
Le dépeuplement a enlevé à la culture beaucoup de terres, a diminué considérablement le produit du sol et, malgré l’agrandissement de la superficie consacrée à l’élève du bétail, a amené dans quelques-unes de ses branches une décadence absolue, et dans d’autres un progrès à peine digne d’être mentionné, car il est constamment interrompu par des reculs. Néanmoins, au fur et à mesure de la décroissance de la population, les revenus du sol et les profits des fermiers se sont élevés en progression continue, ces derniers cependant avec moins de régularité. La raison en est facile à comprendre. D’une part, en effet, l’absorption des petites fermes par les grandes et la conversion de terres arables en pâturages permettaient de convertir en produit net une plus grande partie du produit brut. Le produit net grandissait, quoique le produit brut, dont il forme une fraction, diminuât. D’autre part, la valeur numéraire de ce produit net s’élevait plus rapidement que sa masse, par suite de la hausse que les prix de la viande, de la laine, etc., subissaient sur le marché anglais durant les vingt et plus spécialement les dix dernières années.
Des moyens de production éparpillés, qui fournissent aux producteurs eux-mêmes leur occupation et leur subsistance, sans que jamais le travail d’autrui s’y incorpore et les valorise, ne sont pas plus capital que le produit consommé par son propre producteur n’est marchandise. Si donc la masse des moyens de production engagés dans l’agriculture diminuait en même temps que la masse de la population, par contre, la masse du capital employé augmentait, parce qu’une partie des moyens de production auparavant éparpillés s’étaient convertis en capital.
Tout le capital de l’Irlande employé en dehors de l’agriculture, dans l’industrie et le commerce, s’accumula pendant les vingt dernières années lentement et au milieu de fluctuations incessantes. La concentration de ses éléments individuels n’en fut que plus rapide. Enfin, quelque faible qu’en ait été l’accroissement absolu, il paraît toujours assez considérable en présence de la dépopulation progressive.
Là se déroule donc, sous nos yeux et sur une grande échelle, un mouvement à souhait, plus beau que l’économie orthodoxe n’eût pu l’imaginer pour justifier son fameux dogme que la misère provient de l’excès absolu de la population et que l’équilibre se rétablit par le dépeuplement. Là nous passons par une expérience bien autrement importante, au point de vue économique, que celle dont le milieu du quatorzième siècle fut témoin lors de la peste noire, tant fêtée par les Malthusiens. Du reste, prétendre vouloir appliquer aux conditions économiques du dix-neuvième siècle, et à son mouvement de population correspondant, un étalon emprunté au quatorzième siècle, c’est une naïveté de pédant, et d’autre part, citer cette peste, qui décima l’Europe, sans savoir qu’elle fut suivie d’effets tout à fait opposés sur les deux côtés du détroit, c’est de l’érudition d’écolier ; en Angleterre elle contribua à l’enrichissement et l’affranchissement des cultivateurs ; en France à leur appauvrissement, à leur asservissement plus complet[3].