Page:Marx - Le Capital, Lachâtre, 1872.djvu/59

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et d’autre, sans fin ni trêve, entre les sphères de circulation des différents pays, et ce mouvement suit les oscillations incessantes du cours du change[1].

Les pays dans lesquels la production a atteint un haut degré de développement restreignent au minimum exigé par leurs fonctions spécifiques les trésors entassés dans les réservoirs de banque[2]. À part certaines exceptions, le débordement de ces réservoirs par trop au-dessus de leur niveau moyen est un signe de stagnation dans la circulation des marchandises ou d’une interruption dans le cours de leurs métamorphoses[3].

  1. « Le change subit chaque semaines des alternations de hausse et de baisse ; il se tourne à certaines époques de l’année contre un pays et se tourne en sa faveur à d’autres époques. » (N. Barbon, l. c., p. 39.).
  2. Ces diverses fonctions peuvent entrer en un conflit dangereux, dès qu’il s’y joint la fonction d’un fonds de conversion pour les billets de banque.
  3. « Tout ce qui, en fait de monnaie, dépasse le strict nécessaire pour un commerce intérieur, est un capital mort et ne porte aucun profit au pays dans lequel il est retenu. » (John Bellers, l. c., p 12.) « Si nous avons trop de monnaie, que faire ? Il faut fondre celle qui a le plus de poids et la transformer en vaisselle splendide, en vases ou ustensiles d’or et d’argent, ou l’exporter comme une marchandise là où on la désire, ou la placer à intérêt là où l’intérêt est élevé. » (W. Petty, Quantulumcunque, p. 39.) « La monnaie n’est, pour ainsi dire, que la graisse du corps politique ; trop nuit à son agilité, trop peu le rend malade… de même que la graisse lubréfie les muscles et favorise leurs mouvements, entretient le corps quand la nourriture fait défaut, remplit les cavités et donne un aspect de beauté à tout l’ensemble ; de même la monnaie, dans un État accélère son action, le fait vivre du dehors dans un temps de disette au dedans, règle les comptes… et embellit le tout, mais plus spécialement, ajoute Petty avec ironie, les particuliers qui la possèdent en abondance. » (W. Petty, Political anatomy of Ireland, p. 14.)