Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Telle est la force productrice des contradictions qui fonctionnent et qui font fonctionner M. Proudhon, qu’en voulant expliquer l’histoire il est forcé de la nier, qu’en voulant expliquer la venue successive des rapports sociaux il nie que quelque chose puisse avenir, qu’en voulant expliquer la production avec toutes ses phases, il conteste que quelque chose puisse se produire.

Ainsi pour M. Proudhon plus d’histoire, plus de succession des idées, et cependant son livre subsiste toujours ; et ce livre est précisément, d’après sa propre expression, « l’histoire selon la succession des idées ». Comment trouver une formule, car M. Proudhon est l’homme aux formules, qui l’aide à pouvoir sauter d’un seul bond par delà toutes ses contradictions ?

Pour cela, il a inventé une raison nouvelle, qui n’est ni la raison absolue, pure et vierge, ni la raison commune des hommes actifs et agissants dans les différents siècles, mais qui est une raison tout à part, la raison de la société personne, du sujet humanité, qui sous la plume de M. Proudhon, débute parfois aussi comme « génie social », « raison générale » et en dernier lieu comme « raison humaine »… Cette raison, affublée de tant de noms, se fait cependant à chaque instant reconnaître comme la raison individuelle de M. Proudhon avec son bon et son mauvais côté, ses antidotes et ses problèmes.

« La raison humaine ne crée pas la vérité, »