Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/250

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verselle témoigne du sans-gêne avec lequel il s’attaqua à des problèmes pour la solution desquels les connaissances les plus élémentaires lui faisaient défaut.

Sa première œuvre : Qu’est-ce que la Propriété ? est de beaucoup sa meilleure. Elle fait époque, si ce n’est par la nouveauté de ce qu’il dit, du moins par la manière neuve et hardie de tout dire. Les socialistes français, dont il connaissait les écrits, avaient naturellement non seulement critiqué de divers points de vue la propriété, mais encore l’avaient utopiquement supprimée. Dans son livre, Proudhon est à Saint-Simon et à Fourier à peu près ce que Feuerbach est à Hegel. Comparé à Hegel, Feuerbach est bien pauvre. Pourtant, après Hegel, il fit époque, parce qu’il accentuait des points désagréables pour la conscience chrétienne et importants pour le progrès de la critique philosophique, mais laissés par Hegel dans un clair obscur mystique.

Le style de cet écrit de Proudhon est encore, si je puis dire, fortement musclé, et c’est le style qui, à mon avis, en fait le grand mérite. On voit que lors même qu’il reproduit, Proudhon découvre, que ce qu’il dit est neuf pour lui et qu’il le sert pour tel.

L’audace provoquante avec laquelle il porte la main sur le sanctuaire économique, les paradoxes spirituels avec lesquels il se moque du plat sens commun bourgeois, sa critique corrosive, son