Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/51

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hypothèses premières dans toute leur nudité, quand il croit avoir trouvé de nouvelles conséquences. Grâce au même procédé, il réussit à identifier la valeur utile avec l’abondance pure.

Après avoir mis en équation la valeur échangeable et la rareté, la valeur utile et l’abondance, M. Proudhon est tout étonné de ne trouver ni la valeur utile dans la rareté et la valeur échangeable, ni la valeur échangeable dans l’abondance et la valeur utile ; et en voyant que la pratique n’admet point ces extrêmes il ne peut plus faire autrement que de croire au mystère. Il y a pour lui prix inestimable, parce qu’il n’y a pas d’acheteurs, et il n’en trouvera jamais, tant qu’il fait abstraction de la demande.

D’un autre côté, l’abondance de M. Proudhon semble être quelque chose de spontané. Il oublie tout à fait qu’il y a des gens qui la produisent, et qu’il est de l’intérêt de ceux-ci de ne jamais perdre de vue la demande. Sinon, comment M. Proudhon aurait-il pu dire que les choses qui sont très utiles doivent être à très bas prix ou même ne coûter rien ? Il lui aurait fallu conclure, au contraire, qu’il faut restreindre l’abondance, la production des choses très utiles, si l’on veut en élever le prix, la valeur d’échange.

Les anciens vignerons de France, en sollicitant une loi qui interdisait la plantation de nouvelles vignes ; les Hollandais, en brûlant les épices de l’Asie, en déracinant les girofliers dans les Molu-