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Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/52

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ques, voulaient tout simplement réduire l’abondance pour élever la valeur d’échange. Tout le moyen-âge, en limitant par des lois le nombre des compagnons qu’un seul maître pouvait occuper, en limitant le nombre des instruments qu’il pouvait employer, agissait d’après ce même principe. (Voy Anderson : Histoire du commerce.)

Après avoir représenté l’abondance comme la valeur utile, et la rareté comme la valeur échangeable, — rien de plus facile que de démontrer que l’abondance et la rareté sont en raison inverse — M. Proudhon identifie la valeur utile à l’offre et la valeur échangeable à la demande. Pour rendre l’antithèse encore plus tranchée, il fait une substitution de termes en mettant « valeur d’opinion » à la place de valeur échangeable. Voilà donc que la lutte a changé de terrain, et nous avons d’un côté l’utilité (la valeur en usage, l’offre), de l’autre l’opinion (la valeur échangeable, la demande).

Ces deux puissances opposées l’une à l’autre, qui les conciliera ? Comment faire pour les mettre d’accord ? Pourrait-on seulement établir entre elles un point de comparaison ?

Certes, s’écrie M. Proudhon, il y en a un ; c’est l’arbitraire. Le prix qui résultera de cette lutte entre l’offre et la demande, entre l’utilité et l’opinion, ne sera pas l’expression de la justice éternelle.