D’un autre côté, celui qui offre ne demande-t-il pas aussi un produit quelconque ou le signe représentatif de tous les produits, de l’argent ? Et ne devient-il pas ainsi le représentant de l’opinion, de la valeur d’opinion ou de la valeur en échange ?
La demande est en même temps une offre, l’offre est en même temps une demande. Ainsi l’antithèse de M. Proudhon, en identifiant simplement l’offre et la demande, l’une à l’utilité, l’autre à l’opinion, ne repose que sur une abstraction futile.
Ce que M. Proudhon appelle valeur utile, d’autres économistes l’appellent avec autant de raison valeur d’opinion. Nous ne citerons que Storch (Cours d’économie politique, Paris, 1823, pp. 88 et 99.).
Selon lui, on appelle besoins les choses dont nous sentons le besoin ; on appelle valeurs les choses auxquelles nous attribuons de la valeur. La plupart des choses ont seulement de la valeur parce qu’elles satisfont aux besoins engendrés par l’opinion. L’opinion sur nos besoins peut changer, donc l’utilité des choses, qui n’exprime qu’un rapport de ces choses à nos besoins, peut changer aussi. Les besoins naturels eux-mêmes changent continuellement. Quelle variété n’y a-t-il pas, en effet, dans les objets qui servent de nourriture principale chez les différents peuples !
La lutte ne s’établit pas entre l’utilité et l’opinion : elle s’établit entre la valeur vénale que de-