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Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/112

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et pendant qu’on dirigeait le « trop-plein patriotique » (comme dit Heine) de la jeunesse, révolutionnaire, mais de vue courte, sur le Slesvig et la Lombardie pour se faire écraser par la mitraille de l’ennemi, l’armée régulière, l’instrument réellement efficace pour la Prusse comme pour l’Autriche, était mise à même de reconquérir la faveur publique par ses victoires à l’extérieur. Mais, encore une fois, ces armées, renforcées par les libéraux comme un moyen d’action contre le parti avancé, n’eurent pas plutôt retrouvé dans une certaine mesure leur assurance et leur discipline, qu’elles se retournèrent contre les libéraux et rétablirent au pouvoir les hommes de l’ancien régime.

Quand Radetsky, dans son camp d’au delà de l’Adige, reçut les premiers ordres des « ministres responsables » de Vienne, il s’écria « Quels sont ces ministres ? Ils ne sont pas le gouvernement d’Autriche ; l’Autriche, à cette heure, n’existe pas hors de mon camp ; moi et mon armée, nous sommes l’Autriche. Quand nous aurons battu les Italiens, nous reconquerrons l’empire pour l’empereur ».

Et le vieux Radetsky avait raison ; mais les imbéciles « ministres responsables » ne prirent pas garde à lui.