Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/154

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Savoir si, au commencement de novembre 1848, il était trop tard déjà pour tenter une résistance armée, ou si, en face d’une opposition sérieuse, une partie de l’armée aurait passé du côté de l’Assemblée et eût ainsi décidé la chose en sa faveur, c’est là une question qui ne sera jamais résolue peut-être. Mais en révolution comme en guerre il faut toujours attaquer de front : qui attaque prend l’avantage, et en révolution comme en guerre il est de la dernière nécessité de tout hasarder au moment décisif, quels que soient les risques à courir. Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire d’une révolution victorieuse qui ne démontre la vérité de ces axiomes. Or, pour la révolution prussienne le moment décisif était arrivé en novembre 1848 ; l’Assemblée officiellement à la tête de tout le mouvement révolutionnaire, loin de faire face à l’ennemi, reculait à mesure que celui-ci s’avançait ; elle attaquait bien moins encore, puisqu’elle ne se défendait même pas, et quand vint le moment critique où Wrangle, à la tête de 40.000 hommes, frappait aux portes de Berlin, au lieu de trouver, comme lui et ses officiers s’y attendaient, toutes les rues hérissées de barricades et toutes les fenêtres transformées en meurtrières, il trouvait les portes ouvertes, et, en