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Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/155

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fait d’obstruction dans les rues, rien que de paisibles bourgeois berlinois qui se gaussaient de la bonne farce qu’ils lui avaient jouée en se livrant pieds et poings liés aux soldats stupéfaits. Il est vrai que l’assemblée et le peuple, s’ils eussent résisté, auraient pu être battus ; Berlin aurait pu être bombardé et des centaines d’hommes auraient pu être tués sans empêcher la victoire finale du parti royaliste. Ce n’était pourtant pas une raison pour déposer les armes à la première attaque. Une défaite au bout d’une lutte opiniâtre vaut, pour l’importance révolutionnaire, une victoire facilement remportée. Les défaites de Paris, en juin 1848, et de Vienne, en octobre, avaient certainement plus fait pour révolutionner l’esprit du peuple de ces deux villes que les victoires de février et de mars. L’assemblée et le peuple de Berlin auraient probablement partagé le sort de ces deux villes, mais ils seraient tombés glorieusement et auraient laissé derrière eux dans l’âme des survivants une soif de revanche qui, en temps de révolution, est le plus énergique, le plus puissant aiguillon à l’action. Il va de soi que quiconque relève le gant risque d’être battu ; est-ce une raison pour qu’il s’avoue battu et se rende sans coup férir ?