Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/29

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opposition plus ou moins bruyante, mais toujours malheureuse, de plus de vingt ans, furent portés au faîte du pouvoir par la marée montante de 1848, et qui après y avoir fourni la preuve de leur parfaite impéritie et insignifiance, furent jetés à bas en un instant. Ces premiers spécimens, sur le sol allemand, de traficants en matière de politique et d’opposition, accoutumèrent les oreilles allemandes au langage du constitutionnalisme, et de par leur simple existence firent pressentir un temps prochain où la bourgeoisie s’emparerait, en leur restituant leur véritable signification, des phrases politiques que ces avocats et professeurs babillards employaient couramment sans bien se rendre compte du sens qu’on y attachait à l’origine.

La littérature allemande, elle aussi, subissait l’influence de l’agitation politique qui travaillait l’Europe depuis les événements de 1830. Presque tous les écrivains de l’époque préconisaient un constitutionnalisme informe ou un républicanisme plus informe encore. De plus en plus il devenait courant, notamment chez les gens de lettres de second ou de troisième ordre, de racheter la médiocrité des œuvres littéraires par des allusions politiques, toujours sûres d’attirer l’attention. La poésie, le