Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/30

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roman, le drame, les revues, toutes les productions littéraires débordaient de ce qu’on appelait la tendance, c’est-à-dire de manifestations plus ou moins timides d’un esprit anti-gouvernemental. Pour mettre le comble à la confusion des idées qui régnait en Allemagne après 1830, il se mêlait à ces éléments d’opposition politique des ressouvenirs universitaires de philosophie allemande mal digérée et des bribes de socialisme français mal compris, particulièrement du Saint-Simonisme, et la clique de littérateurs qui s’étendaient sur cet amalgame d’idées hétérogènes, eurent la présomption de s’appeler la « Jeune Allemagne ». Depuis lors ils se sont repentis de leurs péchés de jeunesse, sans avoir amélioré leur style.

Et, enfin, la philosophie allemande, ce plus compliqué, mais aussi plus sûr thermomètre de l’esprit allemand, s’était prononcée pour la bourgeoisie à l’heure où Hegel, dans sa « Philosophie du Droit », proclamait la monarchie constitutionnelle la plus haute et plus parfaite forme de gouvernement. En d’autres termes, il proclamait l’avènement prochain de la bourgeoisie du pays au pouvoir politique. Son école après sa mort ne s’en tint pas là. Les plus avancés parmi ses adhérents, en même temps qu’ils soumettaient chaque