Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/34

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pour considérer comme définitif son jugement en toute chose. Il avait la conviction d’être un orateur de premier ordre et, sans contredit, il n’y avait pas de commis-voyageur à Berlin qui l’emportât sur lui pour la faconde et l’exubérance de faux esprit. Et surtout, il avait ses opinions à lui. Il détestait et méprisait l’élément bureaucratique de la monarchie de Prusse, mais uniquement parce que toutes ses sympathies allaient à l’élément féodal. Lui-même, un des fondateurs et principaux collaborateurs du Journal politique hebdomadaire de Berlin, de la soi-disant « École historique » (une école qui se nourrissait des idées de Bonald, de de Maistre et d’autres écrivains de la première génération des légitimistes français), il visait à une restauration aussi complète que possible de la prépondérance sociale de la noblesse. Le roi, le premier noble de son royaume, entouré, en premier lieu, d’une cour splendide, de vassaux puissants, de ducs et de comtes, et, en second lieu, d’une noblesse inférieure riche et nombreuse, devait régner selon son bon plaisir sur ses loyaux bourgeois et paysans il serait le chef d’une parfaite hiérarchie de rangs ou de castes sociaux, chacun desquels devait jouir de ses privilèges particuliers et être séparé des autres par les bar-