Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/54

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En résumé, voici la condition de la Prusse et des petits États d’Allemagne à la fin de 1847. La bourgeoisie, qui sentait sa force et était décidée à ne plus supporter pour longtemps encore les entraves au moyen desquelles un despotisme féodal et bureaucratique gênait sa production industrielle, son action commune comme classe ; une partie de la noblesse foncière, transformée en producteurs de marchandises à un point suffisant pour avoir les mêmes intérêts que la bourgeoisie et faire cause commune avec elle la petite bourgeoisie, mécontente, grommelant contre les taxes, contre les obstacles mis à la traverse de ses affaires commerciales, mais n’ayant pas de projet défini de réformes capable de lui assurer une position dans la société et l’État ; la classe agricole opprimée, ici par les exactions féodales, là par les prêteurs d’argent, les usuriers et les avocats ; les ouvriers des villes, infectés du mécontentement général, nourrissant une haine égale contre le gouvernement et les capitalistes industriels, et gagnés par la contagion des idées socialistes ; bref, l’opposition formait une masse hétérogène. Mue par des intérêts divers, elle était plus ou moins dirigée par la bourgeoisie, au premier rang de laquelle marchait la bourgeoisie prussienne,