Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/79

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fique pour son propre compte, les amis et les ennemis de longue date s’unirent ; et l’alliance entre la bourgeoisie et les partisans du système renversé fut conclue sur les barricades mêmes de Berlin. On devait faire des concessions nécessaires, mais dans la mesure seulement où elles étaient inévitables ; on devait former un ministère avec les chefs de l’opposition de la Diète réunie ; et, en échange des services qu’elle avait rendus en sauvant la couronne, elle devait compter sur l’appui de tous les piliers de l’ancien gouvernement, de l’aristocratie féodale, de la bureaucratie, de l’armée. Dans ces conditions, Messieurs Camphausen et Hansemann entreprirent de former un cabinet.

Si grande était la peur qu’inspiraient au nouveau ministère les masses en ébullition, qu’à ses yeux tous les moyens étaient bons pourvu qu’ils tendissent à affermir les fondements si ébranlés de l’autorité. Ils croyaient, les pauvres sires abusés, que tout danger d’une restauration de l’ancien système était conjuré, et ils se servirent de toute la vieille machinerie de l’État pour rétablir l’ordre. Pas un seul bureaucrate ou officier militaire ne fut congédié ; pas le moindre changement ne fut apporté dans le vieux système bureaucra-