Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/78

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de contenir le peuple de Berlin, qui cinq jours durant se rassembla en foule devant le palais royal pour discuter les nouvelles et réclamer des changements dans le gouvernement. Quand, finalement, après la nouvelle de la chute de Metternich, le roi fit quelques minces concessions, la bourgeoisie estima que la révolution était accomplie et alla remercier Sa Majesté d’avoir bien voulu combler tous les vœux de son peuple. Alors survinrent les charges militaires sur la foule, les barricades, la lutte et la défaite de la royauté. Tout alors changea de face. La classe ouvrière, que la bourgeoisie avait justement voulu réléguer à l’arrière plan, avait été poussée à l’avant-garde, avait combattu et triomphé, et, soudain, était devenue consciente de sa force. Des restrictions au suffrage, à la liberté de la presse, au droit d’être juré, au droit de réunion, restrictions qui auraient fait grand plaisir à la bourgeoisie, parce qu’elles n’auraient frappé que les classes au-dessous d’elle, n’étaient plus possibles. Le danger d’une répétition des scènes d’anarchie parisiennes était imminent, et devant ce danger tous les anciens désaccords disparaissaient. Contre l’ouvrier victorieux, quoiqu’il n’eût encore formulé aucune revendication spéci-