Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/90

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et armée dans le pays, qui aurait suffi pour mater toute opposition des gouvernements. Et c’était chose facile, très facile, pendant cette première période de la révolution. Mais c’eût été là beaucoup trop demander d’une assemblée dont la majorité se composait d’avocats libéraux et de professeurs doctrinaires, d’une assemblée qui, tout en ayant la prétention d’incarner l’essence de la science et de l’esprit allemands, n’était en réalité qu’une scène où de vieux et décrépits personnages politiques exhibaient aux yeux de l’Allemagne entière leur absurdité involontaire, leur impuissance à penser et à agir. Cette assemblée de vieilles femmes, dès le premier jour de son existence, avait plus peur du moindre mouvement populaire que de toutes les conspirations réactionnaires des gouvernements allemands réunis. Ses délibérations eurent lieu sous la surveillance de la Diète, dont elle mendiait, pour ainsi dire, la sanction à ses décrets, parce que ses premières résolutions devaient être promulguées par ce corps détesté. Au lieu d’affirmer sa propre souveraineté, elle évita soigneusement la discussion d’une question aussi épineuse. Au lieu de s’entourer d’une force populaire, elle passa à l’ordre du jour sur la question des empiétements des gouverne-