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Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/91

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ments. Sous ses yeux Mayence fut mise en état de siège et sa population désarmée et l’Assemblée nationale ne bougea pas. Plus tard elle élut l’archiduc Jean d’Autriche pour régent d’Allemagne et déclara que toutes les résolutions de l’assemblée auraient force de loi ; or l’archiduc Jean ne fut investi de sa nouvelle dignité qu’une fois le consentement de tous les gouvernements obtenu, et il fut installé non pas par l’Assemblée mais par la Diète. Quant à la force légale des décrets de l’Assemblée, c’était un point qui n’avait jamais été reconnu par les grands gouvernements et sur lequel l’Assemblée elle-même n’avait pas insisté ; la question restait ouverte.

On eut donc le singulier spectacle d’une assemblée qui, tout en ayant la prétention d’être l’unique représentant légal d’une grande et souveraine nation, ne possédait ni la volonté ni la force pour faire valoir ses réclamations. Les discussions de cette assemblée, sans résultat pratique quelconque, n’avaient même pas de valeur théorique, puisqu’on n’y rabachait que les lieux communs et les banalités les plus rebattus des écoles philosophiques et juridiques surannées ; qu’on n’y prononçait ou plutôt n’y balbutiait pas une parole qui n’eût été depuis longtemps déjà imprimée mille fois et mille fois mieux.