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Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/106

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Survint la crise américaine et, d’un seul coup, tous ces salaires furent ramenés à un quart environ de leur montant antérieur. Cela aurait signifié, dans le sens opposé, une hausse de 400 %. Lorsque les salaires montent de 5 à 20, nous disons qu’ils ont monté de 400 %, lorsqu’ils tombent de 20 à 5, nous disons qu’ils baissent de 75 % ; mais le montant de la hausse dans un cas et celui de la baisse dans l’autre eussent été les mêmes, c’est-à-dire de 15 shillings. C’était donc un changement subit sans précédent dans les faux des salaires et qui s’étendait en même temps à un nombre d’ouvriers tel que si nous comptons non seulement les ouvriers occupés dans l’industrie cotonnière, mais encore ceux qui en dépendent indirectement, il dépassait de moitié le nombre des ouvriers agricoles. Or le blé baissa-t-il de prix ? Non, il passa de son prix moyen annuel de 47 sh. 8 pence le quarter, pendant les trois années 1858-1859-1860, au prix moyen annuel de 55 sh. 10 pence le quarter, pendant les trois années 1861-1862-1863. En ce qui concerne les moyens de paiement, la Monnaie frappa, en 1861, 8.673.232 livres contre 3.378.792 livres en 1860, c’est-à-dire qu’on monnaya 5.294.440 livres de plus en 1861 qu’en 1860. Il est vrai que la circulation des billets de banque en 1861 fut inférieure de 1.319.000 livres à celle de 1860. Retranchons-les. Il reste encore un excédent de moyens de paiement pour l’année 1861, comparée à l’année favorable de 1860, qui s’éleva à 3.975.440 livres, soit 4 millions de livres en chiffres ronds ; mais la réserve d’or de la Banque d’Angleterre avait baissé en même temps, sinon dans la même proportion, du moins dans une proportion presque égale.

Comparez un peu 1862 à 1842. Abstraction faite de l’augmentation formidable de la valeur et de la quantité des marchandises en circulation, le capital employé aux transactions régulières sur les actions, emprunts, etc., pour les chemins de fer en Angleterre et dans le pays de Galles s’éleva à lui seul à 320.000.000 de livres, somme qui en 1842 aurait paru fabuleuse. Et pourtant la somme totale des moyens de paiement en circulation fut approximativement la même en 1862 qu’en 1842. Face à un énorme ac-