Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/24

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sont vendues en moyenne à leur valeur, c’est-à-dire à des prix qui correspondent aux quantités de travail nécessaires contenues dans ces marchandises. Le prix moyen de notre pièce de machine — 27 marks — serait donc égal à sa valeur, égal au travail qui y est incorporé. Mais de ces 27 marks, 21 marks étaient déjà des valeurs qui existaient avant que notre ajusteur se fût mis au travail. 20 marks étaient incorporés dans la matière première, un mark dans le charbon brûlé pendant le travail ou dans les machines et outils utilisés à cet effet et dont la capacité de production a été réduite jusqu’à concurrence de cette somme. Restent 6 marks qui ont été ajoutés à La valeur de la matière première. Mais ces 6 marks, comme l’admettent nos économistes eux-mêmes, ne peuvent provenir que du travail ajouté à la matière première par notre ouvrier. Ses douze heures de travail ont donc créé une nouvelle valeur de 6 marks. De cette façon nous aurions donc enfin découvert ce qu’est la « valeur du travail ».

« Halte-là ! » s’écrie notre ajusteur, « Six marks ? Mais je n’ai touché que trois marks ! Mon capitaliste jure ses grands dieux que la valeur de mes douze heures de travail n’est que de trois marks et lorsque j’en exige six, il se moque de moi. À quoi rime cela ? »

Si auparavant nous aboutissions avec notre valeur du travail à un cercle ou à une impasse, nous voilà maintenant tout à fait fourvoyés dans une contradiction insoluble. Nous avons cherché la valeur du travail et nous avons trouvé plus qu’il ne nous fallait. Pour l’ouvrier, la valeur des douze heures de travail est de trois marks, pour le capitaliste, elle est de six marks dont il paie à l’ouvrier trois marks comme salaire et dont il empoche lui-même les trois autres. Le travail aurait donc non pas une, mais deux valeurs, et très différentes par-dessus le marché.

La contradiction devient encore plus absurde dès