Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/29

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flit dans lequel l’économie capitaliste actuelle ne peut que sombrer. D’un côté, des richesses incommensurables et un excédent de produits que les preneurs ne peuvent absorber. De l’autre, la grande masse de la société prolélarisée, transformée en salariés et mise par ce fait même dans l’incapacité de s’approprier cet excédent de produits. La scission de la société en une petite classe immensément riche et en une grande classe de salariés : non possédants fait que cette société étouffe sous son propre superflu alors que la grande majorité de ses membres n’est presque pas, ou même pas du tout, protégée contre l’extrême misère. Cet état de choses devient chaque jour plus absurde et plus inutile. Il faut qu’il cède la place, et il peut céder la place. Un nouvel ordre social est possible dans lequel auront disparu les différences actuelles entre les classes et où — peut-être après une période de transition courte, un peu maigre, mais en tout cas moralement très utile — grâce à une utilisation rationnelle et au développement ultérieur des énormes forces productrices déjà existantes de tous les membres de la société, par le travail obligatoire et égal pour tous, les moyens de vivre, de jouir de la vie, de se développer et de mettre en œuvre toutes les capacités du corps et de l’esprit seront également à la disposition de tous et dans une abondance toujours croissante. Et la preuve que les ouvriers sont de plus en plus résolus à conquérir par la lutte ce nouvel ordre social nous est fournie des deux côtés de l’Océan par la journée du Premier Mai de demain et celle de dimanche prochain, 3 mai.

Londres, le 30 avril 1891.
Frédéric ENGELS.