Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/33

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Qu’est-ce que le salaire ?
Comment est-il déterminé ?


Si l’on demandait à des ouvriers : À combien s’élève votre salaire ? ils répondraient : celui-ci : « Je reçois de mon bourgeois 1 franc pour une journée de travail », celui-là : « Je reçois 2 francs », etc. Suivant les diverses branches de travail auxquelles ils appartiennent, ils énuméreraient les diverses sommes d’argent qu’ils reçoivent de leurs bourgeois respectifs pour la production d’un travail déterminé, par exemple pour le tissage d’une aune de toile ou pour la composition d’une page d’imprimerie. Malgré la diversité de leurs déclarations, ils seront tous unanimes sur un point : le salaire est la somme d’argent que le bourgeois paie pour un temps de travail déterminé ou pour une livraison déterminée de travail.

Le bourgeois achète donc (semble-t-il) leur travail avec de l’argent. C’est pour de l’argent qu’ils lui vendent leur travail. Mais il n’en est qu’apparemment ainsi. Ce qu’ils vendent en réalité au capitaliste pour de l’argent, c’est leur force de travail. Le capitaliste achète la force de travail pour un jour, une semaine, un mois, etc. Et une fois qu’il l’a achetée, il l’utilise en faisant travailler l’ouvrier pendant le temps stipulé. Pour cette même somme d’argent avec laquelle le bourgeois a acheté sa force de travail, par exemple pour 2 francs, il aurait pu acheter deux livres de sucre ou une quantité déterminée d’une autre marchandise quelconque. Les 2 francs avec lesquels il a acheté douze heures d’utilisation de la force de travail sont le prix des douze heures de travail. La force de travail est donc une marchandise, ni plus, ni moins que le sucre, On mesure la première avec la montre et la seconde avec la balance.

Leur marchandise, la force de travail, les ouvriers l’échangent contre la marchandise du capitaliste, contre