Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/47

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sa masse, une marchandise a plus ou moins de valeur, elle est d’un prix plus élevé ou plus bas.

Mais comment une somme de marchandises, de valeurs d’échange devient-elle du capital ?

Par le fait que, en tant que force sociale indépendante, c’est-à-dire en tant que force d’une partie de la société, elle se conserve et s’accroît par son échange contre la force de travail immédiate, vivante. L’existence d’une classe ne possédant rien que sa capacité de travail est une condition première nécessaire du capital.

Ce n’est que la domination du travail accumulé, passé, matérialisé sur le travail immédiat, vivant, qui transforme le travail accumulé en capital.

Ce qui caractérise le capital ce n’est pas le travail accumulé qui sert de moyen au travail vivant pour faire une nouvelle production, mais le travail vivant qui sert de moyen au travail accumulé pour maintenir et accroître la valeur d’échange de celui-ci.

Que se passe-t-il dans l’échange entre le capitaliste et le salarié ?

L’ouvrier reçoit des moyens de subsistance en échange de sa force de travail, mais le capitaliste, en échange de ses moyens de subsistance, reçoit du travail, l’activité productive de l’ouvrier, la force créatrice au moyen de laquelle l’ouvrier non seulement restitue ce qu’il consomme, mais donne au travail accumulé une valeur plus grande que celle qu’il possédait auparavant. L’ouvrier reçoit du capitaliste une partie des moyens de subsistance existants. A quoi lui servent ces moyens de subsistance ? À sa consommation immédiate. Mais dès que je consomme des moyens de subsistance, ils sont immédiatement perdus pour moi, à moins que je n’utilise le temps pendant lequel ces moyens assurent mon existence pour produire de nouveaux moyens de subsistance, pour créer par mon travail de nouvelles valeurs à la place des valeurs que je fais disparaître en les consommant. Mais n’est-ce pas précisément cette force productrice noble (edel) que l’ouvrier cède au capital en échange des moyens de subsistance qu’il reçoit ! Par conséquent, elle s’en trouve perdue pour lui-même.