Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

effets de ces circonstances inséparables de l’accroissement du capital producteur ?

La division plus grande du travail permet à un ouvrier de faire le travail de 5, 10, 20 ; elle rend donc la concurrence entre les ouvriers 5, 10, 20 fois plus grande. Les ouvriers ne se font pas seulement concurrence en se vendant meilleur marché les uns que les autres ; ils se font concurrence par le fait qu’un seul accomplit le travail de 5, 10, 20, et c’est la division du travail introduite par le Capital et toujours plus renforcée qui contraint les ouvriers à se faire cette sorte de concurrence.

De plus, le travail est simplifié dans la mesure même où augmente la division du travail. L’habileté particulière de l’ouvrier perd sa valeur. Celui-ci est transformé en une force productrice simple, monotone qui ne met en jeu aucun effort corporel et intellectuel. Son travail devient du travail accessible à tous. C’est pourquoi les concurrents font de tous les côtés pression sur l’ouvrier. Souvenons-nous en outre que plus le travail est simple et facile à apprendre, moins on a besoin de frais de production pour se l’assimiler et plus le salaire s’abaisse, car il est déterminé, comme le prix de toute autre marchandise, par ses frais de production.

Au fur et à mesure donc que le travail devient moins agréable, plus répugnant, la concurrence augmente et le salaire diminue. L’ouvrier cherche à conserver la masse de son salaire en travaillant davantage, soit en faisant plus d’heures, soit en fournissant davantage dans la même heure. Poussé par la misère, il augmente donc encore les effets funestes de la division du travail. Le résultat est que plus il travaille, moins il reçoit de salaire, et cela pour la simple raison qu’au fur et à mesure qu’il concurrence ses compagnons de travail, il fait de ceux-ci autant de concurrents qui se vendent à des conditions aussi mauvaises que lui-même, et parce qu’en définitive c’est à lui-même qu’il fait concurrence, à lui-même en tant que membre de la classe ouvrière.

Le machinisme produit les mêmes effets à une échelle encore plus grande en évinçant les ouvriers habiles et en les