Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/77

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le chiffre précédent de ses ouvriers — et, bien entendu, il n’attendra pas le moment où il pourra le faire — mais encore en augmenter même le nombre. Il lui faudra alors accroître la production d’une manière énorme pour pouvoir garder le même nombre d’ouvriers ou même encore l’augmenter. Et dans le rapport entre le nombre d’ouvriers et les forces productrices il y a une disproportion infiniment plus grande. La surproduction s’en trouve accélérée, et lors de la crise prochaine le nombre d’ouvriers non occupés sera plus grand que jamais.

Il ressort donc nécessairement de la nature des rapports entre le Capital et le Travail cette loi générale que, au cours de l’accroissement des forces productrices, la partie du capital producteur qui est transformée en machinisme et en matière première, c’est-à-dire le capital comme tel, s’accroît d’une façon disproportionnée par rapport à la partie qui est destinée au salaire, c’est-à-dire, en d’autres termes : relativement à la totale du capital producteur les ouvriers ont une partie de plus en plus petite à se partager et leur concurrence devient par conséquent de plus en plus violente. En d’autres termes : plus le capital s’accroît, et plus les moyens d’occupation et de subsistance diminuent relativement pour les ouvriers, plus rapidement encore s’accroît, en d’autres termes, la population laborieuse par rapport à ses moyens d’occupation. Et cela augmente, notamment, dans la mesure même où le capital producteur s’accroît en général.

Pour, compenser la disproportion indiquée plus haut, il faut qu’il y ait accroissement [en progression] géométrique. Et pour qu’il y ait [compensation] par la suite en temps de crise, il faut qu’il y ait encore une augmentation plus grande.

Cette loi qui ressort uniquement des rapports entre l’ouvrier et le Capital, et qui, par conséquent, transforme la situation même la plus favorable pour lui : l’accroissement rapide du capital producteur, en une situation défavorable, les bourgeois en ont fait d’une loi sociale une loi naturelle en disant que la population s’accroît suivant une loi naturelle plus rapidement que les moyens d’occupation et de subsistance.

Ils n’ont pas compris que c’est dans l’accroissement du capital producteur qu’est impliqué l’accroissement de cette contradiction.

Nous y reviendrons plus tard.

La force productrice, en particulier la force sociale des ouvriers eux-mêmes ne leur [est] pas payée, [elle est] même dirigée contre eux.

c) Première absurdité :

Nous avons vu que lorsque le capital producteur s’accroît — cas le plus favorable supposé par les économistes — lorsque par conséquent la demande de travail s’accroît relativement, le caractère de l’industrie moderne et la nature du Capital veulent