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Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/90

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Mais supposons que la quantité de la production nationale soit constante et non variable. Même alors, ce que notre ami Weston regarde comme une déduction logique resterait une simple affirmation gratuite. Si j’ai un nombre déterminé, disons 8, les limites absolues de ce nombre n’empêchent point ses parties de modifier leurs limites relatives. Si les profits sont 6 et les salaires 2, les salaires peuvent monter à 6 et les profits tomber à 2 et cependant le montant total restera 8. Ainsi la quantité fixe de la production ne prouverait nullement le montant fixe des salaires. Comment donc notre ami Weston prouve-t-il cette fixité ? En l’affirmant.

Mais même si nous admettons comme exacte son affirmation, elle agirait dans deux directions différentes, alors qu’il ne la fait jouer que dans une seule. Si le montant des salaires est une grandeur fixe, celle-ci ne peut être levée ni abaissée. Si donc les ouvriers arrachaient une augmentation passagère des salaires, ils commettraient la même folie que les capitalistes lorsqu’ils imposent une diminution momentanée des salaires. Notre ami Weston ne nie pas que dans certaines circonstances les ouvriers puissent arracher des augmentations de salaires, mais, d’après lui comme le montant des salaires a la fixité d’un fait naturel, il s’ensuivra fatalement une réaction. Mais il sait également d’autre part que les capitalistes peuvent imposer des diminutions de salaires, et, en effet, ils s’y essaient sans relâche. En vertu de la loi du niveau constant des salaires, une réaction devrait nécessairement s’ensuivre dans ce second cas aussi bien que dans le premier. Les ouvriers, par conséquent, auraient raison de se rebeller contre la tentative ou le fait d’abaisser les salaires. Donc ils sont en droit d’arracher des augmentations de salaires, car chaque réaction contre les réductions de salaires est une action en faveur de leur augmentation. Par conséquent, suivant le principe même du citoyen Weston du niveau constant des salaires, les ouvriers devraient, dans certaines circonstances, s’unir et lutter pour des augmentations de salaires.

S’il se refuse à cette conclusion, il lui faut renoncer à l’hypothèse dont elle est déduite. Il n’a pas le droit de